dimanche 1 mars 2015

L'Art poétique de la rencontre amoureuse selon la fille, de Boileau à Pascal (Obispo)...

Depuis le temps qu'elle était silencieuse, la fille, il fallait bien que cela arrive, elle cède à l'envie de reprendre la plume (le clavier disons).
Ben oui, avec tous ces événements tragiques, ces débats de fond sur la liberté d'expression, c'était sûr qu'elle aurait envie de s'exprimer à nouveau, elle aussi.
De s'interroger sur le sens des mots: liberté, s'exprimer, dire, écrire...
Interroger le sens de l'écrit, tourné vers un lecteur inconnu, qui peut-être même n'existera jamais.
Quelle compréhension l'autre peut-il avoir des mots qu'elle donne à lire?
Mais la réalité est comme toujours bien plus triviale. La fille, simplement, se regarde le nombril encore et toujours et ça la travaille, alors il faut qu'elle écrive, c'est comme ça, elle en a besoin...


" En voulant me la jouer un peu avec une citation, mais que je voulais exacte pour ne pas avoir l'air d'une truffe, je relis grâce à wikipédia quelques extraits de L'Art poétique de Nicolas Boileau.
La citation, la voilà:
"Ce que l'on conçoit bien s'énonce clairement, et les mots pour le dire arrivent aisément"
(pas mal écrit hein, le truc avec le nombre de pieds, les rimes et tout, ça le fait quand-même!)
Non, je ne me lancerai pas dans l'exégèse fine et argumentée de l'oeuvre de Boileau que j'ai reléguée au fin fond de ma mémoire depuis environ 1996. Par contre, je suis allée chercher cette citation parce que je crois que c'est en effet pour mieux me comprendre et agir que j'ai besoin de mettre des mots tout le temps sur tout.
Le fait de chercher mes mots, toujours inexacts, flous, vagues, de les retravailler, de les corriger, n'a d'autre utilité finalement que de m'aider à concevoir clairement les choses. C'est un constat somme toute banal et qui ne fait pas avancer beaucoup l'humanité, j'en conviens.
Mais voilà, ma petite auto-analyse du jour sera dédiée à Monsieur Nicolas Boileau.
Poursuivant ma lecture dudit poème, j'en découvre la suite:
"Hâtez-vous lentement, et sans perdre courage,
Vingt fois sur le métier remettez votre ouvrage,
Polissez-le sans cesse, et le repolissez,
Ajoutez quelquefois, et souvent effacez."

(C'est fou ce truc des rimes et tout, ça me cueille à chaque fois, pas vous?)
Et là, bim, la révélation: je me dis que ce que Boileau applique à la création artistique, je dois l'appliquer à ma vie amoureuse. C'est ça, le secret. Car oui, quand je me regarde le nombril, c'est toujours un peu autour du même sujet de préoccupation: ma vie, mon cœur, mon cul (oui, la poésie, je la laisse à Boileau).
N'est-ce pas là un joli manifeste pour ne pas baisser les bras, continuer à chercher, ou du moins à croire que cela peut arriver? Bon, le métier à remettre sur l'ouvrage, est-ce à dire que c'est moi qu'il faut remettre en vitrine? Ou disons plus joliment qu'il faudrait que je m'autorise à vivre une relation qui ne soit pas vouée à l'échec? Que choisir des garçons avec lesquels rien ne se construira jamais vraiment est une page que je dois tourner? Et bien soit, j'en prends note, mon Nico, j'en prends note. (Oui, je tombe très vite dans la familiarité, moi, dès qu'on m'ouvre un peu sa porte...)
Poursuivons: me hâter lentement, n'est-ce pas là ce qui me définit parfaitement (au-delà du temps que je peux passer dans la salle de bains, je veux dire, ou à choisir le vernis à ongles qui enverra le bon message: genre je porte un vernis rouge mais je ne suis pas une fille facile. Bon, ça marche pas. Je suis une fille facile, avec ou sans vernis... Euh, je me hâte vraiment, mais je peux quand-même pas prendre le métro sans avoir mis à jour ma musique synchronisée sur Deezer!!!). Bon, je digresse, encore et toujours, mais c'est vrai que dans ma hâte amoureuse de passer à autre chose, j'use souvent d'une trop grande lenteur. Perdre mon temps à espérer des trucs qui n'arriveront jamais, euh, c'est quand-même un peu l'histoire de ma vie. Mais "sans perdre courage", il me connaît bien ce Nico ;-)
"Ajoutez quelquefois" (= fais de nouvelles rencontres) "et souvent effacez" (= pas sur adopte un mec!)
Un vrai mantra cet art poétique de la rencontre amoureuse, vous ne trouvez pas?
Pour finir:
"Ce qu'on ne doit point voir, qu'un récit nous l'expose :
Les yeux en le voyant saisiront mieux la chose ;

Mais il est des objets que l'art judicieux
Doit offrir à l'oreille et reculer des yeux."

(J'insiste, Nico, les vers, tu gères!)
Bon, là, je dois avouer que Nicolas et moi, on a un peu perdu de notre connexion mentale, j'ai du mal à le suivre. Est-ce qu'il veut dire que je ne dois pas tout miser sur mon physique? (ah bon???)
Que dans mon descriptif sur les sites de rencontre je dois développer un peu qui je suis? 
Non, parce que mon problème, parmi d'autres c'est qu'en effet, il est difficile à un pauvre garçon lambda d'imaginer que derrière les cigarettes de pétasse, le vernis à ongles, les jupettes un peu courtes se cache une demoiselle qui, si elle ne connaît pas Boileau vraiment par cœur, est tout de même capable de réfléchir un tout petit peu et même d'argumenter parfois sur le monde, la vie, la dette grecque, le front de gauche, le féminisme 2.0, le cinéma britannique, le caramel au beurre salé ou les bonbons Haribo. 
Bref, je sais bien, que je ne donne pas toujours à voir ce que je suis, surtout quand l'humour vaseux me sert de carapace sociale.
Parce que je tiens à le dire: lire Marie Claire n'empêche pas de lire Alternatives économiques (bon ça n'aide pas non plus, je vous l'accorde). 
De même que lire Douglas Kennedy n'empêche pas de lire E.M Forster. 
Qu'écouter FAUVE n'empêche pas d'écouter aussi Biolay ou Gainsbourg ou Tiersen ou Ibrahim Maalouf. 
Que regarder Orange is the new black ou Shameless dans son canapé n'empêche pas d'aller aussi au cinéma voir Timbuktu ou Le sel de la Terre.
Bon, vous avez un compris où je voulais en venir..."

Et ça, bon, Nicolas Boileau, il s'en foutait un peu, faut dire. Mais la fille, elle, en lisant L'Art poétique, elle a compris des trucs. 
D'abord, que la première personne à séduire, à apprendre à aimer, c'est soi-même. 
Qu'assumer ce qu'on est, c'est un premier pas pour se donner tel(le) qu'on est. 
Et même si cette philosophie pourrait sembler inspirée par une chanson de Pascal Obispo, la fille se dit qu'elle doit pas oublier d'essayer chaque jour de s'aimer un peu plus. 
Et semble commencer à comprendre (dans une hâte toute lente) qu'elle a envie d'être avec quelqu'un qui a envie d'être avec elle...
On avance, on avance, comme dirait Alain (Souchon) ;-)